Après une brève introduction quant à l’itinéraire et les modalités de la journée, nous emboîtons le pas de Louis qui nous invite à porter notre attention sur les différents bourgeons des arbres qui se présentent à nous : ceux du chêne pédonculé de couleur moka, toujours regroupés en une petite grappe terminale. Ceux de l’érable sycomore, dressés-isolés arborant une couleur vert tendre. Ceux du frêne commun, de forme cubique et de couleur foncée. Nous remarquons au passage que le port des chênes est assez rabougri, ceci à cause de la présence naturelle de métaux lourds – notamment de sulfures, d’oxydes ou de carbonates de zinc. On y retrouve également du plomb et du cadmium. Certaines espèces végétales ont développé la faculté de s’adapter génétiquement à la présence de ces toxiques et d’arriver à se développer dans ce biotope très particulier. C’est le cas des espèces comme le tabouret calaminaire, le gazon d’Olympe avec ses fleurs rose vif  ou les pensées calaminaires.

Le mot calamine est un terme issu du vocabulaire utilisé en géologie pour évoquer la présence de carbonate de zinc ce qui a d’ailleurs donné le nom à un village tout proche : La Calamine. Mais ici, nous sommes à Plombières. Ce village est cité pour la première en 1365 sous le nom de « Bleyberg » signifiant « montagne de plomb ». Nous traversons ensuite un petit pont enjambant la rivière « La Gueule », pour découvrir face à nous la grande halde calaminaire, coeur de la réserve naturelle d’Ardenne & Gaume. Les échantillons de déchets d’extraction ne manquent pas sur cet ancien lieu de remblais (halde) parsemé de nombreuses fleurs émergentes en ce début de printemps. Plus loin Louis nous dévoile l’origine de la formation des roches calcaires ici présentes, constituées par l’accumulation et la sédimentation de milliards de squelettes et de coquilles d’animaux ayant vécu sur d’anciens fonds marins, il y a plus de 320 millions d’années. Cette masse gigantesque ainsi formée, a subit sous l’influence des lents et très progressifs mouvements tectoniques, des écrasements titanesques engendrant des plissements amenant à un soulèvement de ces épaisses couches pour nous apparaitre, suite au retrait de l’ancienne mer et sous l’action de l’érosion durant des millénaires, à cette petite falaise devant laquelle nos esprits s’évadent pour imaginer ce monde enfuit puis transformé.

Des petites haltes nous permettent d’apprécier et tenter de mémoriser la manière dont sont construits les chants ou les différents cris émis par les sittelles, mésanges bleues ou charbonnières, les accenteurs mouchet, troglodytes et fauvettes à tête noire. Le milan royal fera son apparition au-dessus d’un nid de buse variable. Moments de silence suspendu… Après le pique-nique nous entrons dans le petit musée qui développe l’histoire industrielle du lieu, dont l’exploitation du sous-sol a débuté en 1365 par une extraction réalisée en surface, pendant plusieurs siècles. En 1828 la propriété fut concédée à John Cockerill et atteindra son apogée en 1845 pour s’arrêter en 1922 avec la destruction de tous les bâtiments. Nous y découvrons également une belle collection (acquise en 2023) de divers échantillons de roches calaminaires, dont certaines sont polies. L’après-midi nous nous approchons un plus des Pays-Bas en descendant le long d’un sentier au sein du bocage longeant paisiblement une source, une arène, belle observation d’une héronnière, de traces de castor et au final, par un étang et les oiseaux d’eau présents. Nous y rencontrons également le conservateur de cette partie de la réserve naturelle gérée par Natagora, qui a installé pour la première fois, un fil de retenue sur un petit îlot et a repiqué des végétaux espérant empêcher des bernaches du Canada de s’y installer, de tout brouter, pour favoriser plutôt la nidification d’autres espèces aquatiques indigènes. Nous terminerons cette bien agréable journée par le verre de l’amitié prit à la terrasse d’un café dans le village de Hombourg. Merci encore à Louis pour cette belle visite et merci à tous pour votre participation.