En souvenir de cette matinée, à la découverte du tabac de la Semois, voici quelques commentaires des participants :
« Bonjour Eli,
Nous avons été surpris par la complexité de la culture et de la transformation du tabac, aussi bien dans la préparation du terrain, que dans la récolte des minuscules graines de tabac, et dans les différentes phases de la plantation jusqu’à la récolte des feuilles et de leur séchage. C’est un savoir ancestral mais toujours en évolution grâce aux contacts entre les producteurs de différents pays. Nous avons aussi été étonnés par toute l’administration et tous les contrôles qui s’appliquent à cette activité : il faut vraiment être passionné pour perpétuer cette activité et obtenir du tabac de haute qualité. Merci pour cette belle journée et à bientôt. » Jacques et Christine.
« Bonjour Eli et Michel,
J’ai été touchée par la ferveur de Mr Martin et l’amour de son métier. Un passionné passionnant! Et j’ai adoré les petits chemins dans les bois. Une magnifique journée!! Merci à vous deux. Bises. » Bernadette.
« Bonjour à tous!
Ce 15 juin nous avons visité un des derniers cultivateurs – producteur de tabac de la Semois. Quelle belle visite! Ce qui m’a le plus frappé 😉 et enchanté, sont les méthodes de culture 100% naturelles! Une si belle vallée préservée! J’ai trouvé Mr Martin bien courageux de tenir bon face à l’industrie du tabac et toutes ces réglementations! Je l’aurais bien écouté plus longtemps tant il était passionnant et passionné mais il avait fermé son magasin pour notre visite, il ne fallait donc pas abuser! Il a donné envie aux fumeurs d’adopter son tabac sans aucun additif et aux non-fumeurs presque! de s’y mettre! Pendant notre balade de l’après-midi nous avons vu les anciennes prairies de culture pleines de fleurs et les anciens séchoirs, c’est très beau et montre bien la diversité quand il n’y a pas de chimie sur les terres! » Sylvie.
« Je me suis retrouvée à marcher seule derrière le groupe, à plus ou moins 500 mètres en retrait de ce dernier, le long de la Semois. J’ai eu la satisfaction de percevoir un paysage d’arbres et de feuilles verdoyants. Je me suis dit: « Mince est-ce donc bien en Belgique que je suis? » J’étais tellement emplie de beautés…en me répondant : » Mais oui c’est ton pays ici et tu y découvres un aussi bel endroit que ceux que tu as visité dans d’autres pays d’Europe! Ainsi je me suis promise de revenir dans cette belle vallée de la Semois et d’arrêter de me dire qu’il fait plus beau ailleurs. J’ai ainsi compris qu’il ne fallait pas comparer des pommes et des poires 🙂 Qu’en fait chaque endroit à ses propres qualités, ses propres coutumes, que j’ai eu ainsi le plaisir de découvrir dans cette vallée de la Semois la culture du tabac et qu’il est bien aujourd’hui de me dire que même un si petit pays regorge de splendeurs… Et ce petit pays c’est le mien:-)) Voilà ma grande découverte de cette journée ». Joëlle.
Un peu d’histoire (données issues de notes prises auprès de Danièle TELLIER – CNB section Semois).
« Le tabac (Nicotina tabacum) appartient comme la tomate ou la pomme de terre à la famille des Solanacées, ces plantes sont toutes originaires des contrées chaudes de l’Amérique de sud où elles poussent à l’état sauvage.
L’introduction du tabac dans la vallée de la Basse Semois
Le tabac a été cultivé dans la Semois déjà dans les années 1560, peut-être même avant. Les paysans le cultivait pour leur usage personnel. Plus tard se rendant compte de la valeur marchande du tabac, ils abandonnèrent une partie des surfaces de mise en culture des céréales – qui donnaient lieu à un « droit de terrage »- au profit de celle du tabac, qui n’était soumise à aucune redevance. Cela ne dura pas. En 1748, un impôt d’un douzième sera dû au seigneur local pour tous les produits issus de cette culture. La culture du tabac au-delà de sa consommation personnelle n’avait donc plus d’intérêt et sera abandonnée. Cependant 100 ans plus tard, la révolution française ayant fait disparaitre toute trace des derniers seigneurs, la région est devenue partie de la Belgique et un ancien instituteur de Alle, Joseph Pierret, réintroduit cette culture. Il planta à titre expérimental 1 are de tabac. La récolte dépassa ses prévisions les plus optimistes : le tabac fut d’un rendement exceptionnel et de qualité supérieure. Le tabac apprécie un sol pauvre, acide mais léger. Les terrains schisteux, les alluvions de la rivière et l’humidité du fond de la vallée de la Semois lui conviennent très bien. En 1880, à Alle, 81 ares de tabac sont plantés. Dès 1885 la culture s’étend. En 1905 on dénombre 7 millions de plants sur la Basse Semois et en 1910, plus de 10 millions. La culture du tabac permit ainsi aux habitants de sortir de leur pauvreté. Ce tabac avait un parfum inégalé, considéré à l’époque comme le plus aromatique et le moins nicotineux. Deux problèmes causèrent cependant la fin de la culture dans la région. Pour obtenir de plus grands plants, les cultivateurs introduisirent des engrais, qui eurent comme effet de fragiliser les plants, et quand le mildiou fit son apparition, comme il s’agissait d’une monoculture, tous les plants étaient ravagés. D’autre part, la politique fiscale, taxant le tabac au plant, amena les agriculteurs à choisir des variétés de tabac plus lourdes et plus productives, mais qui n’avaient plus si bon arôme. D’autre part les grandes manufactures procédèrent à des sauçages, afin de reproduire l’arôme du vrai Semois. La cigarette contribua aussi à la fin du tabac de la Semois : la pipe était de moins en moins fumée donc le tabac pour pipe de moins en moins demandé. »